Voyages d'encres
Patience.
Patiente
certitude, elle avance.
Patiente
écoute, pour laisser venir le flux de l’encre, la coulée de peinture, la
laisser parler en cette recherche inlassable de l’inconnu, voire de
l’inconnaissable.
L’exigence de
justesse est impérieuse, presque intenable. La forme, la couleur, sont réduites
à leur essentiel, en une intense sobriété où a capitulé le superflu.
Quel que soit
le format, le spectateur oublie les dimensions et largue les amarres. Il s’agit
d’aller au-delà. Autre monde peut-être, mais surtout, malgré l’apparente
immobilité (pourtant matrice de la profondeur), effort pour dépasser les
frontières du figuratif en une lente et passionnée progression. Vers soi. Vers
les autres. Vers l’univers.
Passage(s)
donc de couleurs, où l’artiste se fait passeur d’âmes, traverse les frontières,
du temps et de l’espace…
Palimpseste
tu es, écrivant sur la peau du devenir immobile, yeux grands ouverts sur le
mystère du monde que tu éclaires de tes couleurs premières, ou de leur spectre
concentré en variations noir et blanc. Yin et yang s’épousent au-delà de
l’oxymore signant la présence de l’absolu en leur intensité et subtilité
inouïes.
Rien n’est
lisible immédiatement, ni pour le créateur ni pour le public. Ce palimpseste
complexe, et tourmenté comme toi parfois, s’interroge à l’infini en une sorte d’herméneutique sacrée, préférant dire le
mystère plutôt que de le révéler.
Épurer,
alléger, oh parvenir à dire l’essentiel! Ces traces d’encres ou de
pigments sont celles d’événements ou d’émotions bien humaines que nous
partageons, haussées, chauffées à blanc (œuvre au blanc?), affinées et
lissées, approfondies et révélées par le vernis magique du travail cent fois
repassé sur le métier.
Tout un monde
se propose à nous. Planètes sœurs de nos cellules, racines des arbres (de Vie)
redessinant les veines de notre corps innombrable, ouvertes, connectées, entre
le ciel et la Terre. L’univers est fractal, multidimensionnel, ouvert, infini.
Ses dimensions, dérivantes ou délirantes. Sa lecture est plurielle, parfois
dérangeante mais fascinante…
Premiers
contacts. Respiration du blanc d’une vivance ardente, violet rare et mystique,
dont la lumière entraperçue donne sur un couloir du temps, et ce noir
omniprésent, impérieux ou fragile, à saveur de spleen ou de sacré… De là, tout
part.
Merveilleux
voyage à toi qui découvres ces encres!
Catherine
Duvelle
Novembre 2012
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